Je vous prédis vite fait l'avenir de l'humanité.
Ils ont équipé un bébé d'une caméra frontale pendant plus de deux ans et demi. Pour que l'IA apprenne le langage à la façon d'un humain.
Voir si c'était possible.
Et visiblement ça l'est, en tout cas c'est prometteur.
Au-delà de l'aspect esthétique et pratique de l'expérience quand même. Moi qui ai passé un an à tourner une émission de tv avec une GoPro sur la tête, j'imagine que le chérubin va sûrement aider la science, mais peut-être se choper une scoliose précoce. Mais bon, c'est pour l'humanité alors remercions la famille.
Je vais essayer d'expliquer “IA et langage” aux réfractaires avec des mots simples.
Jusqu'à maintenant, pour reproduire notre langage, un tableau Excel (l’IA n’est rien d’autre qu’un tableau Excel qui compile des données) hyper bien foutu a fait rentrer dans la colonne verticale des milliards et des milliards de textes existants. Il les a compilés, comme un gros registre des mots et de leurs enchaînements. Et donc, sans comprendre le sens profond et véritable de ces mots, l'IA a simplement décelé que très souvent le signe qui arrivait derrière cet autre signe formait un nouveau signe, et ainsi de suite.
Par exemple, le tableau a constaté que l'empilement de lettres qui composait la phrase "il ne faut pas pousser mémé dans les...", offrait statistiquement, dans la grosse majorité des cas, la nouvelle succession de lettres composant le mot orties qui venait donc à la suite (sauf si l'IA avait récupéré la phrase de ma cousine Justine qui se trompait tout le temps et disait ravin au lieu d'orties, elle trouvait ça plus logique, prétendant que cette histoire d'orties n'avait aucun sens).
Donc le super fichier Excel compile les milliards de textes dans lesquels dans la grande majorité des cas le mot ortie est présent dans cette suite de signes. Ce qui fait que le jour où un type va sur Chat GPT pour demander comment exprimer l'idée d'abuser ou exagérer, le tableau Excel va aller chercher vite fait l'enchaînement de signes qui, statistiquement, formait la phrase de mémé et de ses orties et qui semblait reproduire la notion d'exagération dans la grande majorité d’assemblages de signes.
Le tableau ne comprend pas le sens de ce qu'il fait, il recrache des résultats statistiques dans la colonne horizontale. C'est froid, c'est numérique, c'est un peu grossier et ce n'est pas de l'intelligence au sens où nous l'entendons. C'est pour ça qu'on dit qu'elle est artificielle.
Ce principe fonctionne aussi avec des images.
On reprend souvent l'exemple de la reconnaissance du chat. On doit fournir au tableau Excel des millions d'images de chat pour qu'il reconnaisse, au bout d'un moment, l'assemblage de points qui forme la forme d'un truc avec des oreilles, des poils et une queue qui ne soit pas la photo de l'oncle Bernard, mais bien l'animal de compagnie préféré d'Internet.
L'IA ne sait pas ce que c'est un chat, elle compare les formes et reconstitue une truc qui lui semble la synthèse des milliards d'images de chats qu'elle a compilées. Ce qui est utile par exemple sur les voitures autonomes. En effet il est important que votre Tesla distingue un chat d’un ravin ou d’une borne électrique ; pour cela on lui colle des milliards de photos des uns et des autres en apprentissage.
Et c'est là qu'on revient à notre bébé ! Parce qu'un bébé n'a pas besoin de milliards d'images de chat pour savoir tout à coup ce qu'est un chat !
Et c'est ça qui est DINGUE chez l'humain et son cerveau. Par quelle magie comprenons-nous en deux ou trois chats ce qu'est un chat ? Par quelle sorcellerie captons-nous que le regard de maman qui nous dit non est subtilement différent du regard de maman quand elle nous dit "finis ta purée !" ?
C'est tout l'objet de cette étude, dont l'objectif est, et je cite son géniteur le chercheur Wai Keen Vong, “de rapprocher l’IA de l’intelligence humaine".
Donc ils ont collé une caméra sur le bébé pour voir ce qu'il voit. Ce qui veut dire que le tableau Excel se remplit d'images simples et uniques, de conglomérats d'images diverses, qui constituent une expérience humaine quotidienne plutôt qu'une addition statistique de données froides, de gavage de données sans explication.
Et c'est ça qui semble révolutionnaire.
Parce que voilà ce qu'il va se passer (et attention, c'est mon extrapolation, faite par mon IA interne) : le tableau Excel (c'est le petit nom de l'IA, je vous le rappelle), va parvenir peu à peu à reproduire le fonctionnement de notre apprentissage. Dans le même temps, on va réussir à fabriquer des bébés via des systèmes de reproduction artificielle, avec des codes génétiques, des cellules et de la chair. On va glisser de la super donnée d'apprentissage version nouvelle mouture dans la préparation, on fera cuire une demi-heure et on va récupérer des super bébés qui vont déchirer leur mère, au sens propre.
Par conséquent, les vrais humains vont pouvoir observer les faux bébés ainsi créés, pour soigner les maladies, corriger les défauts, améliorer l'ensemble. Les humains naturels vont s'inspirer des humains parfaits artificiels. On n’aura même plus besoin de fabriquer les bébés nous-mêmes ; les femmes épargneront leurs périnées et des mois de galère. Dans le débat éthique, des voix diront que ces humains artificiels sont tout autant humains que les vrais, puisqu'issus de notre observation humaine. On va se prendre la tête dans les colloques pendant que les super humains s'installeront dans nos maisons et nos chambres, rendant très obsolètes le mariage, la servitude, le travail et un grand nombre de concepts liés à nos faiblesses et inégalités.
Dans un monde où les créatures seront désormais conçues artificiellement pour garantir la perfection, les anciens humains cabossés et imparfaits se regrouperont dans la clandestinité pour continuer à copuler, jouer au tarot et dire des blagues nulles autour d'un bon barbecue. La seule identité de genre connue sera appelée "survivance" et sera portée par une immense volonté de vivre.
En attendant, félicitons les chercheurs de l'université de New-York.
Parait que l'IA reconnait et intègre à ce jour les datas, mais pas les blanc, les vides, les silences. Les silences en musique, les silences gênés, les silences amoureux, les silences de nos colères. Serons nous les fins détenteurs de ces silences, les génies du ghosting, les fantômes d'un monde habité par d'autres moins relous, qui sentent la rose, sont toujours de leur propre avis et pas dans cette inconstance poétique et troublante qui nous caractérise (enfin, une partie d'entre nous, parce que certains ne sont pas des douteurs patentés parmi nous). Bref, je ne sais pas où on va... et ça me laisse sans voix cette histoire de bébé et de caméra finalement ! ,:)
Ce ne sera pas bio, les humains et les animaux sont des mammifères et sont sensibles à la voix et aux images, la musique arrive à nous transporter….