Joyeux Noël Thérèse...
Le terme "trêve des confiseurs" me donne envie de défoncer ma télévision, de hurler et de me promener tout nu dans la rue en montrant mon zizi aux vieilles dames. Excessif ? Je ne crois pas.
Je trouve qu'on est trop sage dans nos colères. Je ne supporte plus les marronniers du langage. Ces suites de mots qui font des phrases et qui ponctuent le calendrier comme le tic tac d'un métronome.
Les termes de "Père Noël", de "Calendrier de l'avent" ou de "cadeaux au pied du sapin", c'est pareil, ça me donne envie de buter un épagneul breton. Impression d'être Bill Murray dans Un jour sans fin, et que chaque année Noël revient avec les mêmes codes, les mêmes obligations. Entendons-nous bien, j'aime Noël, mais je n'aime pas les exercices imposés. Et l'un ne va pas sans l'autre, c'est ça le problème. J'aime Noël pour le rendez-vous qu'il apporte avec ceux qu'on aime, surtout quand ils sont de moins en moins nombreux.
Mais je n'aime pas Noël quand il devient une succession de gestes accomplis machinalement, de la caisse de la FNAC jusqu'au sac poubelle des papiers cadeaux. Mais j'aime Noël quand même, parce qu'il me rappelle mon enfance, que les morts étaient vivants, quand la neige tombait encore sur Paris, qu'on regardait Les visiteurs de Noël et qu'on n'avait pas Tik Tok. Ça sentait bon le feu de cheminée, le Subuteo, les Big Jim, les revolvers en plastique et les affiches centrales du magazine Première.
Et puis un jour on se met à aimer Noël pour ses propres enfants, quand on voit dans leurs yeux les mêmes admirations et ces espoirs de cadeaux géniaux et de lumières étincelantes. Ça sent Disneyland dans la maison, les grelots des rennes et les films avec Will Ferrell.
Peu à peu, les enfants grandissent, et moi je vieillis. Tout le monde joue le jeu quand même, parce que nous voulons y croire, à ce Père Noël. Nous ne sommes pas morts. Et tant que nous serons là, accrochés à la vie, alors il faudra penser au sapin, aux cadeaux, au Champagne et aux enveloppes avec des petits mots. Je n'aime pas l'exercice mais je l'aime plus que tout quand même.
Contradiction d'un grand enfant qui cherche à Noël les traces de son passé, de la gentillesse, de la simplicité. J'ai peur de Noêl quand il révèle les angoisses et les mesquineries familiales ; je l'aime quand il apaise et donne de la douce mélancolie.
Avec le temps j'aimerais devenir à nouveau plus petit, pour ne pas regretter ce jour sans fin, mais plutôt pour l'attendre éternellement. Pour à jamais sortir dans la rue, joyeux, exhibant mon bonheur aux vieilles dames.
Joliment dit et très partagé . On aime Noël sans forcément tout ce qui l’entoure !
Un peu de mélancolie vous va bien aussi 😉
Et Joyeux Noël 😉