Ne jamais envoyer d’email après 20h.
Tu as accumulé tout le gavage de la journée, tu es chargé comme un ado de seize ans à sa première soirée. Tu dis de la bouse, tu écris trop vite.
Tu as relu mille fois, et appuyé sur envoi.
Et soudain, tu as cette petite seconde de lucidité qui dit “oups, c’était peut-être une bêtise”, mais c'est trop tard. Tu te couches dans un mood moyen avec une sensation mitigée. D’un côté il y a le killer en toi qui se félicite. Mais il y a le rationnel qui a du mal à dormir et qui commence à lister les conséquences du mail.
Le lendemain, tu te lèves avec un stress de mangouste épileptique et tu guettes ta boîte mail toutes les minutes. La réponse ne vient jamais. Tu te dis que la personne est en train d’organiser sa réponse, de lever une armée, elle a déjà appelé son avocat et tu es rayé des tablettes. N’y tenant plus, vers 16h, à l’heure du goûter, tu envoies un mail tout niaiseux du genre "tu as reçu mon mail ?", et tu finis par un commentaire sur ton propre texte précédent, pour adoucir le ton de Pit Bull que tu avais utilisé la veille. “Bien entendu mes propos n’ont pour seul but que d’améliorer la situation, gnagnagna”. Tu as l’air d’un gars qui regretterait d'avoir signé une pétition. Mais tu n'as toujours pas de réponse.
Tu dînes et tu es dans une loose pas possible, tu ne penses qu’à ce mail et tu as envie de mourir. Puis soudain, à 22h45, au moment où tu vas te coucher en noyant ton stress dans Candy Crush, tu reçois un mail de la personne qui répond seulement à ton deuxième mail, pas au premier. “Désolé j’étais en déplacement, je prendrai connaissance de ton mail demain matin et je reviens vers toi. Bonne soirée”. Arrrrghhhh, tu vas te refaire une nuit blanche. Tu as déjà passé 24h à t'angoisser pour rien, les gens ont une vie, le monde avance sans tes projections stupides. Mais tu ne peux t’empêcher de penser que le fait d’être en déplacement n’empêche en rien d’ouvrir ses mails, mais bon…
Le lendemain matin au réveil tu as une réponse du gars qui a finalement décidé de lire ses mails dans la foulée. Et sa réponse c’est “Ok”. Point. Il n'en à rien à faire. Cela fait 36 heures que tu as mis ta sérénité mentale entre parenthèses à cause de ce mail inspiré par Chuck Norris qui s’est avéré être un petit vent sans impact autour duquel tu as ruiné ton agenda et celui de tes proches !
Saleté de vie intérieure.
Vécu.
Plusieurs fois, tu parles.
J'ai cru être guéri.
Non, j'ai recommencé.
C'est karmique. Karstique peut-être. Nos esprits sont du calcaire apparemment bien solides mais que l'eau des soucis mineurs use inlassablement et troue pour y creuser des gouffres.
Padirac. L'Aven Armand. Vertiges...
Le 1er qui dit "lâcher prise" je le débranche.
Bisettes
Diantre. C'est tellement ça... le pire c'est que ça ruinait tellement les journées et les nuits que l'on risque de finir sans le sous, pendant que les "ok people" continuent de surfer tranquillou la vague. J'ai mis à l'imparfait parce que même si c'est présentement imparfait, je ne fais plus trop ce genre de mails (en ce moment). Le risque c'est peut-être bien d’être entourée de gens qui sont d'accord avec moi...