"Nous devons envahir l'île-bunker des Zuckerberg !".
Il paraît que Marc Zuckerberg, patron de Meta-Facebook-Instagram-Threads, se construit un bunker anti-apocalypse sur une île pour être bien au chaud en cas de troubles un peu sérieux…
Au fond, le gars fait bien ce qu'il veut. S'il a 270 millions de dollars à dépenser en faisant bosser des hawaïens, c'est la loi du marché.
D'autres avant lui ont mis leurs angoisses à l'abri en squattant des îles ou des zones à moutons dépressifs de Nouvelle-Zélande. C'est la mode chez les ultra riches de la Silicon Valley : accompagner joyeusement la destruction progressive de la dignité générale tout en préparant le monde d'après en installant des piscines intérieures trente mètres sous terre.
"Nous devons envahir l'île de Kauai, le bunker des Zuckerberg !".
C'est par ces mots que, le 3 février 2041, le président de l'ONU, Dominic Thunberg, ouvre la séance. Anciennement connu sous l'identité de Greta (prénom modifié en urgence lors d'une transition de genre accélérée à la fin des années 20, juste avant que les régimes fascistes des principales démocraties décident que “ça suffit de morceler l'humanité ! Il y a des hommes, des femmes, et éventuellement des distraits pour cause d'Alzheimer, mais c'est tout”, fin de la parenthèse), Dominic Thunberg lance son discours à l'humanité, désormais réduite à 3 milliards d'âmes depuis la Crise du Pangolin qui Tousse (Crisis of the Coughing Pangolin).
Cette pandémie ravageuse, transmise par un énorme pangolin grippé venu du Qatar, a supprimé de la surface de la Terre tous les êtres humains souffrant d'une toux irritante. Un critère qui décima les grandes villes de l'occident, notamment à cause de cette vilaine toux persistante qui s'était installée en 2027 lors de l'élection présidentielle française. En effet, une gigantesque vague d'allergies aux réseaux sociaux débuta le soir du deuxième tour qui vit la victoire de Lena Situation (de son vrai nom Lena Mahfouf) face à François Bayrou ; une surprise pour les observateurs mais une bénédiction pour les nouvelles générations trop heureuses de pouvoir hurler “Vive Mahfouf !” sur les Champs-Elysées).
Comme en son temps le printemps arabe, la victoire de Lena fit tache d'huile et boule de neige et, les uns après les autres, les TikTokeurs et Instagrameurs du monde entier se lancèrent en politique en diffusant des Reels et des vidéos de campagne de plus en plus argumentés à base de "la liberté c'est trop bien", "5 astuces pour comprendre le mot république" ou encore "Je me sens bulletin de vote, comment me glisser dans l'urne ?".
Des “shit storms” (campagnes haineuses sur internet) eurent lieu dans des proportions hallucinantes qui ne mirent néanmoins pas à mal les plus solides des influenceurs et influenceuses de tous pays, réunis sur une chaîne Twitch dirigée par Samuel Etienne et Taylor Swift (chanteuse au nom de balai anti-poussière pourtant connue pour son soutien au monde des voyages en jet mais excusée par les générations alpha “parce qu'elle est jolie et sincère”).
"Pourquoi envahir cette île ?", demande alors Vladimir Poutine, très vieux président de la Fédération Ukraino-Taïwanaise de Russie, représentant de la minorité blanche à la table des négociations de santé. "En effet", poursuit-il, “la famille Zuckerberg a toujours été fort généreuse avec les peuples opprimés. On se souvient de l'élection américaine de 2036 quand Serena Williams fût élue au suffrage censitaire à trois tours (dont un dans le jardin), face au candidat chinois Victor Ben Amou, fils d'émigrés tuniso-népalais soutenu par l'Asie mais critiqué par le Brésil, terre de contrastes”. Personne ne captant les propos totalement incohérents du vieux despote russe aux yeux de fennec, c'est son premier ministre, Jacques-Marie Brejnev, qui lui confisque le micro et lui cache sous le sac de pirojkis maladroitement dissimulés sous la poche d'élimination des urines...
Ô, c'est rosse !
Les confédérations se mettent enfin à voter et il en surgit une décision qui fera date dans l'histoire : désormais, tout dirigeant d'entreprise propriétaire d'une île paradisiaque protégée devra ouvrir ses murs à l'humanité, ne serait-ce que pour permettre à tout le monde de profiter du jacuzzi, du casino privé et de la cave à vins exceptionnelle conservée au prix de nombreux assassinats de sommeliers français maniérés. La résolution est votée à l’unanimité, à l’exception de l’Angleterre, du Chili et du Vatican, qui ignorent le sens du mot unanimité.
Quelques jours après, l'île est bombardée par les chinois, qui n'ont rien compris au compte-rendu de séance, le traducteur automatique ayant été hacké par un certain Didier Bayrou.
C’est le début de la IIIème guerre mondiale.
Sale histoire.
😂
Pour rester dans le thème, lire 'Rocky, dernier rivage' de Thomas Gunzig