Quand ce que vous deviez être vous rappelle comme un aimant
On tourne autour pendant des décennies, mais j'ai vraiment l'impression que la vie vous rappelle régulièrement ce que vous vouliez être au fond de vous.
Quand j’avais 13 ans, j’ai eu l’épiphanie de ma vie en découvrant le film “Sacré Graal” des Monty Python, au ciné club de mon collège. En sortant de la projection, j’ai dit à voix haute que je voulais devenir un Monty Python moi aussi, sans savoir exactement ce que cela pouvait donner comme métier. Clown ? Scénariste ? Comédien ? Producteur ? Réalisateur ? Troupe théâtrale ? Chevalier ?
Mais la vie ne se déroule pas comme on l’imagine. Jamais.
Cette épiphanie de l’absurde a été mise en stand by le temps de grandir, de m’intéresser aux filles, au sport, aux études, aux vacances, puis à l’argent, aux enfants, aux emmerdes. Vous voyez l’idée.
J’ai mis la décision de côté mais elle est restée comme des acouphènes. Tout au long de ma vie, j’ai essayé par petites touches d’y revenir. Même au plus sérieux de mes missions de conseil, j’ai toujours glissé de l’humour, par devoir, par défi. Mais sans doute était-ce un moyen de ne pas y aller “à fond”. Parce qu'y aller à fond ce n’est pas simple, ça demande des sacrifices, des décisions fortes, peut-être aussi une patience insoutenable. J’y suis allé “presque” à fond quand j’ai fait de la scène, de la TV, des conférences humoristiques, mais toujours avec le frein à main. Comme si la trouille ou je ne sais quelle poids du passé ou du futur m’entourait comme une camisole invisible. Un peu comme se baigner en combinaison, c’est sympa mais c’est pas pareil, on ne ressent pas vraiment les fluides.
Pour survivre avec ce projet constamment avorté, j’ai troqué la persévérance par l’aventure, la discipline par les coups d’éclat, la concentration sur un seul projet en un multi tasking sous stéroïdes.
Mais après tous ces chemins, ces milliers de virages, plus que jamais je ressens le besoin, et la nécessité presque corporelle, de réaliser ce projet initial, d’éliminer les obstacles, de ne plus mal choisir, de me concentrer sur le rêve d’enfant.
Je me remets en mouvement dans l’humour et la création de contenu comme une Ford Gran Torino trouvée dans un garage abandonné. Je suis en train de la restaurer, de huiler le moteur, de refaire la peinture, de nettoyer les bougies… Vous avez capté l’image. Cette étape est effrayante et terriblement excitante. Elle crée des frictions dans la vie privée, réveille des douleurs, mais surtout elle libère les poumons. Cette respiration est précieuse car le temps file comme un calendrier.
Je vous laisse, je dois écrire des punchlines, imaginer des personnages, repenser l’absurdité du monde. Et c’est un plaisir exquis.
Go go go! :)
La Gran Torino ... évidemment ;)
La ref à Clint ... un chef d'oeuvre une fois restaurée sans aucun doute !